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Démarche : Et Le Travail ?

Et le travail ? à Malmaisons, 2008-2009


Et le travail ? Au Centre d’hébergement et de réinsertion sociale d’Emmaüs Solidarité


Après la Thiérache (agricultrices), Montataire (sidérurgistes), Guise (lieu d’utopie), nous avons posé cette question dans le monde fragile de la précarité, de la pauvreté, dans ce lieux d’accueil où le travail est vital, à la diversité culturelle incomparable. Ici, le travail est considéré comme l’une des voies principales pour mettre un pied hors du monde de l’exclusion.

Question posée à des travailleuses ou chômeuses, accueillies dans ce Centre d’hébergement de femmes des Malmaisons (Émmaüs), Paris. Avec l’équipe des accueillants du Centre.

Avec, au départ, 60 Dames de 18 à 65 ans, la moitié sans-papiers, dont 15 salariées avec contrat (travaux domestiques), d’autres travaillent au noir, d’autres ne peuvent pas (maladie psy, dépression). La Forge s’adresse aux accueillies et aux travailleurs sociaux. À chaque sollicitation de l’ensemble, une quinzaine de femmes participent dont le tiers était les mêmes.
Puis le nombre a diminué pour participer au projet, elles étaient 47 à la fin de notre intervention.

Avec Laurène Boglio, Élodie Cavel, Valérie Debure, Isabelle Jégo, Alex Jordan, graphistes, dessinateurs, Ginette Francequin, psychosociologue, Olivia Gay, photographe, Denis Lachaud, écrivain, Marie Claude Quignon, plasticienne et François Mairey, coordination et pratiques sociales.

Mai 2008

Groupe de travail
Appelé aussi Groupe de pilotage, avec Célia et La Forge, avec quelques accueillies et accueillants d’Emmaüs et le Collectif La Forge.

Toute action est précédée et évaluée par le groupe de pilotage et suivie d’une restitution à l’intérieur du Centre, pour chacune des femmes. La démarche, les sujets se décident ensemble, puis, lors des rencontres, en intervenant le moins possible pour que les paroles s’auto-portent le plus possible.

Le Groupe décide les actes suivants :

  • Cafés avec Denis Lachaud : questions des participantes, dans deux Café de suite.
  • Synthèse avec Ginette Francequin qui propose aux participantes un texte, son analyse à partir des paroles des deux Cafés précédents. 
  • Portraits intérieurs d’Olivia Gay sur rdv (sans doute difficile à obtenir des moins jeunes), avec autorisation de publication écrite/signée.
  • Boites aux lettres de Marie Claude Quignon, 47 boites (une par accueillie) installées dans l’escalier. Deux semaines après, repas en commun avec Marie Claude Quignon. Remplissage de traces-objets personnels par chacune. Semaine suivante nouveau repas commun, les boites sont ouvertes et le contenu présenté…

Le Collectif s’interroge : Pourquoi les femmes ne viennent pas parler avec nous ? Ça leur sert à quoi ce que nous faisons ? Nous faire de l’argent… Les 2 présentes des Malmaisons ont dit leur désaccord et nous, nous sommes restés bouches bées… Que répondre, que faire lors de nos prochaines rencontres ? Rien ?

Les actions de juin 2008 à mai 2009

Cafés mensuel, sept ont lieu de juillet à janvier.

Lettres des Cafés des Malmaisons, Des rêves de jeunesse à la réalité d’aujourd’hui sept avec des chroniques Denis Lachaud, écrivain et Ginette Francequin, psychosociologue, dessins et graphisme des graphistes de Nous Travaillons Ensemble, sont éditées.

Des repas collectifs, cuisinés par des accueillies, sont réalisés pour élargir la participation des femmes, particulièrement pour le travail de Ginette Francequin et celui de Marie Claude Quignon.

Portraits et détails, travail photographique d’Olivia Gay.

Un mur d’affichage graphique, photographique, est fait, évoluant toute au long de la démarche.

Boites à lettre, action de clôture, œuvre partagée, installation des boites dans l’escalier du centre :
Quelle vie voulez vous ? « Que souhaitez vous dire, transmettre, montrer, faites-le en remplissant ces boîtes avec : de petits morceaux de « savoir faire » ( tricot, broderie, poterie, couture, dessin ….), des objets (sans valeur) qui vous représentent, des écrits. Personnalisez l’extérieur de votre boîte avec un n°, un prénom, un pseudonyme ou tout autre signe (écrit, dessiné, collé, accroché). »
La récolte est mince, seules 5 boites sur les 47 sont utilisées. Un vide qui révèle peut être la difficulté à s’exprimer dans ces situations d’urgence.

Ces productions croisées servent de base au 4 éme livre de l’ensemble « Et le travail ? », ensemble qui se clôture avec les salariés de l’usine Le Relais à L’Étoile (80). Édition Dumerchez, en 2011.


Un Bilan très contrasté
Voici des extraits de ce qui s’est dit dans les groupes de pilotages :

– nous proposons de parler du travail, alors que les femmes accueillies n’attendent qu’une chose qu’on les aide à trouver du travail ? Les accueillantes sont très parties prenantes de la démarche de La Forge,

– la fragilité psychique fait qu’il est difficile de se concentrer, de participer à toute sollicitation,

– les participantes parlent entre elles, particulièrement quand il s’agit de religion, et des problèmes des papiers. Elles disent avoir découvert, avoir été touchées par les paroles des autres.

– ce qui a été dit, est écrit et cela inquiètent des participantes si ces écrits sont portés hors d’Emmaüs. (nous avons leur avons demandé leur accord pour ce que nous publierons),

– les possibilités de photographier et de s’immiscer dans ce centre ont été très minces. Mais le travail a pu aboutir.

– des tensions bien sûr existent entre accueillies,

– les auteurs, payés pour leur travail avec des gens qui n’ont pas d’argent pose problème à ces femmes.

– des échanges entre participantes et les artistes-scientifique ont été riches pour chacun. Ensemble, nous faisons ce constat,

– ce travail sert à faire exister ces paroles tues et démontre (même si ce n’est pas chose facile…) que la culture a une place et un rôle à jouer dans un processus d’insertion des publics en précarité.

– la petite récolte finales des « Boites à lettre« , 5 boites sur 47 utilisées (malgré une longue expérience de notre part), marque la difficulté de s’exprimer dans ces situations précaires,

– ces rencontres sont belles pour toutes et tous, même si elles aboutissent difficilement.

Abir©Laurène Boglio

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