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Démarche : HABITER, habiter la nature,

VIVRE À MOLLIENS

Le Collectif

– Tout a commencé par des rumeurs. On allait déplacer le monument aux morts. Et pendant longtemps, on n’a pas eu plus d’informations. Le collectif a été mis en route.

– On est allé voir le maire, on a dit “il y a des rumeurs, peux-tu nous en dire plus ?“. Il a dit “Oui, rien d’extraordinaire…“. On a eu la confirmation du projet.

– Ce déplacement choque beaucoup de monde, notamment les anciens.

– Des jeunes aussi. Ils allaient au monument aux morts quand ils étaient enfants.

– On y a chanté, on y a apporté des fleurs…

– On a appris La Marseillaise à l’école spécialement pour venir la chanter au monument aux morts le jour de la commémoration de l’armistice.

– C’est un monument aux morts de la première guerre mondiale.

– C’est sûrement notre grand-père qui a eu l’idée de le mettre là, à la croisée des chemins et non près de l’église.

– L’argument pour le déplacement, c’est la sécurité.

– Alors que la circulation automobile n’a jamais provoqué la moindre blessure à Molliens.

– je me souviens d’un poteau cassé, une fois. Ça a été réparé en 24h.

– Le maire n’a jamais reconnu qu’il voulait déplacer le monument aux morts pour pouvoir faire un chemin piétonnier en bordure de la route.

– Le maire a organisé une consultation des habitants, un rendez-vous à la salle des fêtes avec vote final, pour ou contre le déplacement du cénotaphe. Le papier a été distribué dans les boîtes aux lettres.

– Oui, il parle de cénotaphe, pas de monuments aux morts.

– Il a dit qu’il tiendrait compte de l’avis des habitants.

– Concernant le vote, il a ajouté un alinéa : chaque électeur qui ne votera pas sera comptabilisé du côté des pour.

– … pour le déplacement du monument aux morts.

– On l’a dénoncé, cet alinéa.

– C’est anti-démocratique.

– Il y a eu un article dans le Courrier picard.

– Dans les autres communes, personne ne comprend.

– Il s’est quand-même bien décrédibilisé sur sa façon d’exercer la fonction de maire.

– On n’aurait pas dû accepter les règles.

– Mais c’était délicat de ne pas aller voter.

– On avait un week-end pour voter.

– Ils ont dépouillé eux-mêmes.

– Pour lui, c’était joué d’avance.

– Il y a eu 114 voix contre et 63 pour. 11 personnes présentes ne se sont pas prononcées.

– Un autre courrier a été distribué dans les boîtes aux lettres, confirmant que les habitants étaient en majorité pour le déplacement du cénotaphe. Aux 63 pour, minoritaires donc, il a ajouté tous les électeurs qui n’ont pas voté.

– 188 votants pour environ 400 habitants…

– Les 114 contre qui étaient majoritaires au moment du vote se sont retrouvés en minorité.

– On ne sait même pas combien il y a d’électeurs.

– Les travaux, c’est un package. Il y a le déplacement du monument aux morts et aussi les travaux de voirie. Le maire veut installer sept chicanes.

– Le budget, c’est une dépense faramineuse.

La mairie a annoncé 540.000 euros lors d’une réunion publique.

– En fait on tombe sur 595.000 quand on fait l’addition.

– On a assisté au Conseil municipal le jour du vote. Aucun chiffre n’a été prononcé ce jour-là. Par contre, tous les chiffres apparaissent dans le compte rendu. Ce compte-rendu ne retranscrit pas la réunion à laquelle on a assisté.

– Une habitante avait fait un courrier au maire. Très argumenté. Elle s’inquiétait notamment de l’entretien des ouvrages, alors qu’il n’y a pas d’employé de mairie. Elle a aussi précisé qu’elle était mère de plusieurs enfants et qu’elle ne se sentait pas en insécurité à Molliens. Il l’a remerciée, il lui a demandé de venir exposer ses arguments à la réunion du conseil municipal.

– Il veut donner l’impression d’un semblant de démocratie.

– Il veut donner l’impression que toute parole est écoutée.

– Le village va perdre son aspect rural, ça va devenir un village urbain.

– C’est dans l’esprit de la nouvelle équipe.

– Il faut rebaptiser le village Molliens aux sept écluses.

– Personne n’en veut devant sa porte.

– On avait fleuri le village, j’y ai passé plus de cent heures, on avait obtenu la première fleur, il y a un panneau à l’entrée de la commune. Tout va être détruit.

– L’allée des tilleuls a été placée à l’inventaire des monuments historiques en 1950. Elle était entretenue par la commune. Il y avait un vrai regard sur les permis de construire alentour. Certains étaient refusés, d’autres devaient être modifiés. En 2014, la mairie a fait borner l’allée, elle n’appartient plus à la commune. Il y a eu une bascule à ce moment-là. De plus en plus de gens se sont installés ici et ce sont eux qui décident désormais. Le maire ne s’intéresse pas du tout à la nature. Pour lui, c’est de l’entretien, de l’argent foutu en l’air.

– Au parc de la Hotoie à Amiens, on décide d’enlever le béton pour revenir à plus de nature. Nous on fait le contraire.

– Notre maire vient du BTP…

– La décision a été prise cette semaine par le conseil municipal.

– Ils ont tous voté pour ces travaux, sauf 4, qui ont grandi ici ou ont épousé quelqu’un d’ici.

 – Donc notre collectif n’a plus lieu d’être.

– Après, ce qui est positif, c’est qu’on a rencontré beaucoup de monde. Il y a eu une réunion à la salle des fêtes, sur le projet de travaux.

– Il en restera quelque chose.

– Ça a éclairé les habitants sur la façon dont est gérée notre commune.

– Le but, ce n’est pas de faire plaisir aux habitant.

– C’est clair.

– Le but, c’est d’exercer son pouvoir. J’ai été élu, je règne.

– Le but c’est LA SÉCURITÉ.

– Il y a des gens qui sont persuadés que l’insécurité règne.

– Sécurité avant tout. Il faut caresser les électeurs dans le sens du poil.

– Ça va aussi avec l’entretien de la peur.

– Le RN est en tête sur notre circonscription.

– Après, la liste élue à la mairie n’est pas politisée.

– Dans le discours certes, mais dans l’action… On se vend au privé, on privatise, c’est quoi ça, une politique de gauche ?

– J’ai du mal à comprendre. Les conseillers, ils voient bien que ça va être moche, non ?

– Le bien commun, le travail collectif, ce n’est pas dans l’air du temps.

– On achète, on paye et c’est tout.

– C’est une autre génération.

– Les réunions ne se font plus chez les gens. On invite au restau, on fête l’anniversaire de son enfant chez McDo.

– Les gens ne veulent plus montrer leur intérieur.

– Ils ne veulent pas s’enquiquiner.

– À Querrieu on organise une journée citoyenne, ça marche très bien.

– Ils ont un maire qui se soucie de convivialité.

– À Mirvaux, à côté de chez nous, le maire a 36 ans. Tout est fait pour qu’il y ait le moins de dépenses possible. Mais tout est entretenu.
– On nous a demandé de cesser d’importuner les conseillers avec nos courriers. Si on continue, cela pourra être considéré comme du harcèlement.

– Nous on leur a toujours dit qu’on attirait leur attention quant à leur responsabilité envers les habitants qu’ils représentent.

– Lundi on fête la fin.

– On a décidé de tourner la page sur un moment convivial.

– Oui. C’est fini. C’est voté, c’est voté.

– Est-ce que ça éclairera les gens lors des prochaines élections ? L’avenir le dira.

– De deux choses l’une :  ou une opposition va émerger, ou pas…

– Je ne pense pas.

– Le prochain maire ne pourra pas faire ce qu’il veut. Il n’y aura plus d’argent.

– S’il veut remplir les caisses, il faudra augmenter les impôts ou autoriser la construction de nouvelles maisons.

– Pour l’instant on est environ 400 habitants. 500 c’est le point de bascule. On est encore en dessous.

– Au dessus, il faut des terrains de jeu, plus d’infrastructure…

– Le maire a essayé de récupérer une grande pâture, mais il n’a pas réussi.

– Moi c’est fini, je ne participe plus à rien.

– Il faut marquer le coup pendant trois ans, jusqu’à la fin du mandat, jusqu’au renouvellement de l’équipe.

– Au départ, c’était un problème de projet. À partir de la consultation et de cette clause scandaleuse, c’est devenu un problème de personne.

– Le maire a fait construire ailleurs, il a dit qu’il ne serait pas candidat la prochaine fois.

– Ce qui est dommage, c’est que lui il va partir après avoir changé l’identité de notre village, et nous on va rester.

10 jours plus tard…

– Vous avez vu la chicane défoncée à l’entrée du village ? Il y avait du brouillard hier, une voiture est rentrée dedans. On la voit en photo sur Facebook, elle a plié le panneau, elle grimpée dessus.

– Il n’y a jamais eu d’accident de voiture ici, c’est le premier, on peut dire grâce à la chicane…

Action réalisée

Auteur.e.s
Denis Lachaud

Productions liés
- Le collectif Vivre à Molliens (25)