LaForge Facebook de LaForge Au fil des jours

acte 9, 2000 - 2002

MÉMOIRE VIVANTE DU TRAVAIL ?

Du paternalisme au chômage

 

Que reste-t-il en mémoire des habitant·e·s, du travail de fabrication de tissu, du paternalisme exemplaire, Saint Frères, entreprise qui fut, en France, la plus importante de cette branche d’activité ?

 

Invitée par la Communauté de communes du Val de Nièvre, vallée des anciennes filatures Saint Frères, La Forge propose, après la fermeture, de travailler sur la mémoire vivante des années de l’empire industriel paternaliste Saint Frères, des usines textiles de tissage mécanique de jute de la vallée. Du paternalisme au chômage, la vie, passée, présente, à venir dans cette vallée.

 

Le Val de Nièvre du département de la Somme, à Berteaucourt-les-dames (école), Canaples, Domart-en-Ponthieu, Flixecourt, Havernas, L’Etoile, Pernois, Saint-Léger-Lès-Domart, Saint-Ouen (Marché, Bureaux des Objets Pêtés) , Vignacourt.

À la recherche d’histoires personnelles

Comité de pilotage

Le Comité de pilotage, constitué de personnes du Val de Nièvre, est le premier lieu de participation, tous les quinze jours en alternance avec les Cafés parlés. Lieu premier des choix des sujets et des initiatives : choix les sujets, recherche d’objets, photos, documents en rapport avec sujet, organisation du café parlé : lieu, conducteur, et du dimanche du marché : présence roulotte, après midi du BOP, la participation (large) : présence femmes et jeunes.

Communication (été 00)

Supports papier : encarté dans la Trame, les tracts et les Feuilles. Les lieux de présence : le marché et les « Grand » Bureaux : BOP

Bureaux des Objets Prêtés

Localisation, matérialisations de l’action dans les « Grands bureaux » Saint Frères, avec les, et, sur le Marché, la remorque avec objets, tracts, et un studio « portraits ».

Première année :
D’octobre 2000 à Juin 2001

Le Marché de Saint-Ouen

Le dimanche précédent le mardi du Café Parlé, dans le Marché, sur la remorque, sont présentés des objets prêtés en rapport avec le thème à venir.  Installés par Marie Claude Quignon.

Les tracts-informations, Feuilles-chroniques sont diffusés.

Sur la remorque est accrochée une toile blanche pour le studio de Portraits d’Eric Larrayadieu.

Bureaux des objets prêtés

Dans les anciens bureaux Saint Frères : les Bureaux des objets prêtés.
Marie Claude Quignon installe des objets de mémoire prêtés par la population.
Et les Bureaux des lectures pour lire les écrits glanés, des curiosités pour exposer d’autres choses, des échanges, des rencontres autour d’un gâteau battu.
Les événements : inauguration des Bureaux des objets prêtés avec la Fanfare de Saint-Ouen, présentation de la thèse de François Lefebvre sur la famille Saint et la société Saint Frères, concert de la Fanfare de Flixecourt, récital de chant de Flore Daussy accompagnée par Catherine Lambert, présentation des travaux de recherche de Gérald Maisse sur la Résistance en Val de Nièvre, lecture des chroniques de Leslie Kaplan par le groupe des Lecteurs, Jean-Paul Gremetz présente son mémoire de recherche sur les cités ouvrières de la Vallée, présentation des travaux de l’atelier photo de Mickaël Troivaux avec les habitants, Odile Delaye présente ses archives audiovisuelles de la Vallée et son film “Mémoire d’oubliés”, exposition de photographies d’Odile Debloos : “Reprise”, exposition des travaux photographiques de Mickaël Troivaux sur les Cafés Parlés, le groupe des Marcheuses présente leur livre réalisé avec la Maison du Livre d’Art Contemporain, à deux reprises, Frédéric Blaind lit “En Famille” d’Hector Malot, assemblée générale des habitants : bilan et avenir

Leslie Kaplan © Eric Larrayadieu

Cafés Parlés
Tous les quinze jours, pendant cinq mois, dans un café toujours différent, un habitant invite les participants à raconter des histoires de vie. Sur un sujet choisi par le groupe de pilotage, il engage les personnes présentes à parler de ce qu’elles sont, de ce qu’elles étaient, de ce qu’étaient leurs parents. L’historien interroge et propose des repères, si besoin est. L’écrivaine écoute pour écrire. Phonotopie enregistre.

Neuf rencontres dans les cafés, des histoires de premières embauches, de paye et d’argent, de solidarité et d’égalité, de temps libre et de temps vide, de retraite et de vieux, de gens d’ici et d’ailleurs, de calotins et libres-penseurs, “de vie des hommes et des femmes”, “de blagues et bouffes”.

Objets de mémoire des enfants

À l’école primaire de Bertaucourt-les-Dames, Marie Claude Quignon rencontre les enfants. Des rencontres créatives.

Son de la musique et rencontre des antipodes

Les sons des fanfares, des paroles, et de travail. Période de gestation en vue de mettre au cœur de la 3 éme année du Monde la musique. Par la création musicale électroacoustique, par la rencontre des antipodes avec la venue de la fanfare de Samoa
a/ Luc Bernard enregistre l’inauguration du BOP
b/ Phonotopie enregistre les Cafés parlés
c/ Premiers échanges des antipodes entre fanfares de Flixecour et Samoa. Echanges de bandes magnétiques de photos, de partitions.

Restitution à la population

Ce que nous avons récolté, depuis un an, photos, textes, éléments plastiques, sonores. Installation pancartes, Installation sonore des cafés, première grande fête de la Vallée organisée par La Communauté de communes 22 au 24 juin 2001.
Avec un encart du courrier Picard.

Après…

La première année révèle, chez certains, nombreux, l’illettrisme et une dépression notoire se manifestant par une difficulté, voire une impossibilité, de parler de leur passé chez Saint Frères.

Années 2 et 3 se préparent pour cultiver la mémoire vivante d’événements publics, de faits notables, investir l’espace public, la rue, en faire le lieu d’interventions, continuer de localiser, matérialiser notre action dans les « Grands bureaux », transformer les Bureaux des objets prêtés en Bureaux d’interventions publiques. Lieu de rencontres, de réalisations, d’expériences, de découverte, d’innovation, d’initiation.

Et la troisième étape veut s’ouvrir sur le monde : Rencontre pacifique des antipodes, en Val de Nièvre. Ouverture, entre autres, en fanfare, avec des échanges entre une fanfare du Val (Flixecourt) et du bout du monde, la fanfare de l’île de Samoa, océan pacifique. Esquissé, non réalisé.

« À l’émancipation… pourvu qu’il n’arrive rien »

Malgré tout, un dernier acte est réalisé : Théâtre burlesque de marionnettes et musique de la Compagnie Chés Panses Vertes, texte de Leslie Kaplan, mise en scène de Sylvie Baillon. À Domart en Ponthieu, à Avignon, Iles de la Barthelasse, à Amiens, Maison du Théâtre, en tournée dans 8 centres de vacances CCAS, à Villers-Bocage

 

Avec des habitant·e·s du Val de Nièvre, avec l’Association des demandeurs d’emploi (ADE), Jean Pierre Godard, les Fanfares de Saint-Ouen et Flixecourt, les médiathèques la Communauté de communes, Dominique Proyart Vice-président, affaire culturelle de ma CC, l’école primaire de Bertaucourt-les-Dames, Christine Moy. l’URLIP Christine Casier. Avec Odile Debloss (photographe), Odile Delhaye (réalisatrice « Mémoire d’oubliés »), Jean Paul Grumetz (historien), Frédéric Blain (comédien), Eclats d’Etat (Compagnie), Gérald Maisse, auteur de Résistance en Val de Nièvre. Et Laurence Bloch, « Le vif du sujet », France Culture. 
Le comité de pilotage de la démarche, premier lieu de participation : Christine Bertoux, Michel Carpentier, Virginie Facquier, Maxim Proyart, Stéphanie Troivau, Catherine Thierry, Jean Michel Uri, Michel Vin, Pierrette… Et Jean Séguin, Jacky Herouart, Véronique Bourgeois, Géraldine Ferran… Et Françoise Delmasure, Sandrine Extremera, Evelyne Ducros… Alain Robart et ses enfants, Louisette Bertoux et Yvette Woninne, à Canapales,

Avec
:
David Andrieux, auteur et responsable, service culturel de la Communauté de Commune Val de Nièvre avec Géraldine Ferrand, Catherine Lambert, Xavier Denis… 
Sylvie Baillon, metteur en scène compagnie de la Chés Panses Vertes, avec Eric Goulouzelle (Marionnettes) , Yvan Lombard (Lumières), Matthieu Emielot (Régie) et les comédiens Marie Dolorès Corbillon, Ludovic Darras, François Decayeux.
Luc Bernard, ethnologue sonore, enseignement et chercheur associé au laboratoire d’anthropologie visuelle et sonore du monde contemporain à Paris VII.

Productions


31 Déc 2003
Calendrier de QUELLE VIE
en Val de Nièvre et Environs, en Somme #histoire, #mémoire, #travail, #paternalisme, #chômage, #objets, #portraits, #paroles, #sons, #créations, #illettrisme 1800 […]


17 Jan 2003
Quelle vie, écrire dans le Val de Nièvre
Le livre « Les Outils » de Leslie Kaplan Les Cafés parlés Je viens tous les quinze jours dans le val de […]


20 Juin 2002
À L’ÉMANCIPATION… (pourvu qu’il n’arrive rien)
[- Coproduction Compagnie Ches Panses Vertes – La Forge -] Spectacle pour comédiens, pantins, maisons et sons Il s’agit de […]


17 Juin 2002
QUELLE VIE
Livre de 4 livrets de 28, 48, 31, 56 pages et un disque Dans un tissu de polypropylène Saint Frères 16 x 18,7 cm Conception graphique : Nous Travaillons Ensemble Éditions La Forge 2002


12 Fév 2002
Histoires de David Andrieux
Textes de David Andrieux, du 12 février 2002, après le rejet de La Forge par la Communauté de Communes du […]


16 Oct 2001
Alain Robart
L’indignation de l’ancien ouvrier des usines textiles Saint Frères [- En val de Nièvre, Somme, de 1999 à juin 2002, […]


24 Juil 2001
Pancartes de mots
Écrits de Leslie Kaplan [- Dans les Cafés Parlés, un·e habitant·e invite les personnes participantes à raconter des histoires de […]


1 Mai 2001
Y-a-t-il une vie après l’usine ?
de Laurence Bloch, journaliste, productrice de l’émission Le vif du sujet de France Culture Ici sur la photo, avec Alain […]


17 Jan 2001
Calotins et libre-penseurs
Leslie Kaplan [- La Feuille n°020, mercredi 17 janvier 2001, chronique du 7° Café Parlé -]


« La culture ne doit déranger personne »

En 2001, après les Élections municipales, la Communauté de communes malgré la convention signée de trois ans (2000-2002) ferme la porte à Quelle vie, arrête le financement.

Quelle vie a, entre autres, trébuché sur une plaque dédiée : « A l’émancipation de la race humaine« *, sur le Café parlé intitulé « Calotin et Libre-penseur« .

Pourquoi ? 
Argument avancé : Trop cher tout ça ! Ici comme ailleurs, on calcule le coût de la culture mais jamais le coût de l’absence de culture. 
Argument officieux : la culture ne doit déranger personne, finalement… 
Or ce travail sur la mémoire dérange.

Malgré tout, ce parcours s’achevé par deux créations, restitutions finales : la création théâtrale « À l’émancipation… (pourvu qu’il n’arrive rien) » et l’édition du livre « Quelle vie« .

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* Les habitant·e·s nous fait part de cette plaque qui avait été mise sur la place de l’église par les Libres penseurs, plaque qui a disparu. En mémoire, son fantôme était dans le Bureau des objets prêtées.