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Démarche : Habiter la nature

Yannick Quignon, apiculteur amateur de Molliens-au-Bois

[- Rencontre des Alouettes, à La Forge, le 13 octobre 2022. Écrit de Denis Lachaud, photo d’Eric Larrayadieu -]

Yannick Quignon partage sa passion © Eric Larrayadieu

L’envie m’a pris il y a 4-5 ans, à la retraite. Je travaillais à la SNCF sur les chantiers, à Paris.

J’ai appris par moi-même, je me suis formé avec les bouquins, je me suis informé.

Il a fallu que je m’équipe, que j’achète les ruches et les vêtements.

Une ruche équipée d’un essaim, ça revient à 250 euros ou un peu plus.

Pour démarrer, acheter 10 ruches plus tout l’attirail, ça revient à environ 3000 euros.

Les ruches sont construites en bois non traité. Les miennes sont en sapin.

À l’intérieur il y a dix cadres plats. J’installe une cire plate et ce sont les abeilles qui forment les alvéoles. Toutes pareilles.

En bas de la ruche, il y a le plateau par où elles entrent et sortent. On oriente la sortie au sud-est. On dit qu’il faut de la place devant la ruche pour l’envol des abeilles, mais ça marche aussi quand il n’y en a pas, je l’ai vu.

Si elles sont bien, elles sont bien.

En général, l’essaim s’installe au milieu avec la reine.

Un essaim représente jusqu’à 40.000 abeilles.

Les butineuses récoltent le nectar et leur corps se charge de pollen, les ouvrières nourrissent la reine, les œufs, remplissent les alvéoles.

Au début du printemps a lieu l’envol de la reine. Les faux bourdons, les mâles, meurent après avoir fécondé la reine.

Puis la reine pond. Elle vit 3 à 5 ans. Quelques œufs donneront de nouvelles reines. Il faut compter 20 jours après la ponte pour que les abeilles naissent.

Quand une jeune reine éclot, la vieille reine part s’installer ailleurs avec une partie des abeilles.

Quand une reine en fin de vie part, il y a beaucoup moins d’abeilles qui l’accompagnent et quand la reine meurt, elles meurent aussi.

Une ruche fournit 20 kg de miel minimum par an, en deux miellées, fin mai et en août. Le miel de printemps est plutôt blanc, le miel d’été plutôt jaune.

On peut le conserver 6 mois à 1 an.

Pour récupérer le miel, on place une hausse au dessus de la ruche. Elle est séparée du bas par une grille qui empêche la reine de passer et les frelons d’entrer. Les abeilles montent et stockent le miel qu’on va pouvoir récupérer.

On peut placer deux à trois hausses. Moi quand j’en ai mis 3, la troisième est restée vide.

Au dessus, on installe un toit en ferraille pour éviter l’humidité.

Pour récolter le miel, je gratte l’opercule sur les alvéoles et je centrifuge.

Ensuite je passe le miel deux fois pour éliminer les impuretés.

L’hiver, je les nourris. En ce moment avec du sucre liquide. Plus tard je laisse des pains de sucre que je place sur la ruche.

Au centre de la ruche, la température est à peu près constante.

Je ne comprends pas comment un apiculteur peut dire qu’il produit du miel de ceci, du miel de cela. Les abeilles butinent dans un rayon de trois kilomètres autour de la ruche. Alors, pour savoir… Il faudrait faire des mesures scientifiques pour s’assurer que le miel à été produit en majorité à partir de telle ou telle plante.

J’ai semé de la luzerne là où j’ai installé mes ruches. Les abeilles ont 20 mètres à faire…

Si j’ai trop de miel cette année, je ferai de l’hydromel.

J’aime bien récupérer des essaims. Si je plonge mes mains à l’intérieur avec des gants, je sens la température.

Quand je vois un essaim, je coupe le bout de la branche, juste en dessous, je place mon seau à la verticale, je coupe la branche juste au dessus de l’essaim et il tombe dans le seau. Dès que la reine entre dans une ruche, elles entrent toutes. C’est beau à voir.

J’ai toujours deux ou trois ruches vides. Ma ruche est prête s’il y a un essaim à récupérer.

Une année j’avais placé une ruche vide dans un jardin, le propriétaire faisait de la soudure, l’essaim lui est passé au dessus de la tête, tout le monde est entré dans la ruche.

Les abeilles peuvent attraper des maladies :

  • le varroa, une espèce de tique qui s’accroche à son corps. L’abeille finit par crever. Pour lutter contre le varroa, j’achète des languettes en pharmacie, je les laisse deux mois dans la ruche.
  • la fausse teigne, un papillon qui entre dans la ruche et pond.

Il y a aussi le frelon asiatique qui fait des ravages. Le frelon européen vole comme un avion, le frelon asiatique comme un hélicoptère, il fait du sur-place à la sortie de la ruche et quand une abeille sort, il l’attrape, se pose sur une branche et la découpe. Il mange ce qu’il veut manger. Un essaim de frelons asiatiques peut compter 2000 individus. Je me déplace avec une raquette de tennis, j’arrive à en avoir comme ça.

Pour ouvrir une ruche, on enfume. Les abeilles n’aiment pas la fumée, elles se regroupent toutes au centre de la ruche.

Les abeilles n’aiment pas l’alcool. Si vous avez bu, elles vous attaquent.

J’aimerais que les agriculteurs traitent leur champ avant 9 heures le matin. Les abeilles sortent dès qu’il fait plus de 15°, s’ils sont en train de traiter, ça fait des ravages.

Je suis soumis à une déclaration administrative. Au dessus de 8 ruches déclarées, on est imposable sur le revenu des ruches.

Il faudrait qu’il y ait beaucoup plus de gens comme moi qui aient une dizaine de ruches. Si on était quelques uns dans le village, ce serait bon pour les abeilles.

L’été, quand il fait trop chaud, elles se placent à la sortie et ventilent la ruche avec leurs ailes.

Même quand il fait 40°, elles sortent butiner.
C’est formidable.

Je passe des heures à les regarder.