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Démarche : Le faire de La Forge ?

Le film de Pierre Boutillier

(en chantier)

[- Les intentions (du 12 avril) et une première séquence (du 10 août 2023) de Pierre Boutillier -]

  • 1. Intentions
  • 2. Une démarche photographique
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Intentions


« prendre part à la société,
avec l’ambition de faire entendre celles et ceux que l’on entend pas »


La Forge se définit comme un atelier de production collective où l’on façonne des idées en signes publics, à chaud, au feu du réel. Pour ce faire, elle est constituée d’un croisement d’auteur·e·s de disciplines différentes, artistes des arts visuels, littéraires, et, scientifiques. Auteur·e·s qui souvent s’associent à d’autres compagnons de route souhaitant participer à la démarche.

Adepte dans ma démarche documentaire des mêmes intentions que le collectif La Forge, il m’apparaît aujourd’hui nécessaire de faire un film montrant l’essence de l’acte de création qu’ils proposent, acte artistique en phase avec les questions de vie en société.

Le collectif a 30 ans, c’est l’âge où apparaît souvent le besoin de regarder dans le rétroviseur pour analyser l’action entreprise pour mieux envisager son avenir. Je propose de faire un film qui permette au collectif de réfléchir et de s’exprimer sur son travail tout en travaillant, fidèle à ma démarche documentaire qui tente de faire apparaître une réalité par la représentation de l’action mêlée à la réflexion sur cette action.

La Forge soude des altérités créatrices pour mieux révéler la complexité du monde à travers des questions comme celle qui l’anime, en ce moment : « Habiter la nature».

Pour eux, le monde est trop complexe pour en rendre compte avec un seul médium, donc ils en utilisent plusieurs : la littérature, la photographie, les arts plastiques, graphiques et la sociologie, autant de regards que les 2 graphistes organisent dans des publications hors normes ; mais après 30 ans d’existence beaucoup de choses ont changé, par exemple internet et les réseaux sociaux ont explosé comme moyen d’échange, d’expression tous azimuts, de publication de la création ; parallèlement le livre a beaucoup perdu de sa puissance de diffusion, dans ce contexte la démarche est-elle toujours aussi pertinente qu’à ses débuts ?

D’autres questions concernent la manière de mener le travail : Qu’est-ce qu’un bon travail individuel et comment il gagne en pertinence collectivement ? (La dimension collective est la partie immergée de l’iceberg, puisque sur le terrain, les auteur·e·s travaillent, le plus souvent, individuellement, puisque leur travail n’est jamais fait pour illustrer celui d’un autre. La dimension collective est à faire apparaître par les auteur·e·s) Comment se gagne pour un artiste une pertinence et une légitimité face aux représentants politiques en place ? Quel impact ont les actes artistiques de La Forge sur le public concerné ?

Le film pourrait donc servir d’agitateur de doutes et de la pertinence du travail du collectif dès lors qu’il s’intéresse à la société, aux autres.

Il s’agit donc de filmer le groupe au travail mais aussi en pleine réflexion.

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Pierre filme la Rencontre des Alouettes avec Marine Vilbert,
avec à ses côtés Christophe Baticle et Denis Lachaud

Le film pourrait se structurer de la manière suivante :

Le film, les séquences envisagées

1/ L’acte créatif

Il s’agit dans cette partie de faire apparaître sur le terrain l’éthique de représentation, à travers le vécu d’un projet en train de se faire, à ces fins, chacun des membres de La Forge sur le terrain actuel de création « Habiter la nature » sera filmé au travail, dans l’intention de dévoiler :

-> Les interactions avec le(s) sujet(s)

-> La manière de voir, manière de faire selon son médium : littéraire, scientifique (en l’occurrence sociologique), artistique (créations plastiques, photographie)

-> La place des habitants dans le processus.

Avec comme questions sous-jacentes : qu’est ce qu’une juste représentation du réel ? Comment y parvenir ?

2/ La réflexivité sur l’action

Il s’agira de voir et entendre le collectif en débat sur l’évolution du concept originel de 1994 et sa pertinence aujourd’hui  à l’aune des réussites et des difficultés rencontrées, par exemple comment résoudre le conflit habituel, causé par le différentiel entre la représentation d’une beauté conventionnelle, de carte postale qu’affectionnent les représentants des collectivités locales et la représentation sensible, en phase avec le réel, sans filtres, proposée par le collectif.

La dimension esthétique du travail de La Forge met en lumière une réalité humaine, géographique, sociale, dimensions que ne veulent  pas voir les élus dans leur communication, cette révélation d’un réel qu’ils aimeraient cacher, ce refus de voir le réel produit un aveuglement qui se retrouve dans leur pensée, qui amène à  « nous savons ce qui est bon pour vous ! »

C’est la dimension politique du travail du collectif qui sera ici révélée.

Chacun exprimera sa manière de s’approprier le concept bourdieusien du fonctionnement de La Forge, d’appréhender le réel à l’aune de son médium

Cette partie sera traitée sous forme d’entretiens individuels sur le terrain ou à La forge

(les entretiens pourront être utilisés off sur les séquences de travail).

Cette séquence pourrait amener la nécessité de regarder dans le rétroviseur et de retourner voir les gens pour vérifier pour chacun ce qui lui importe le plus dans la portée de son travail, finalement.

3/ Des Flash-back

Le collectif retournera sur un terrain investi durant les 30 dernières années à la rencontre de personnes qu’il a envie de revoir à travers un dispositif-événement, prétexte festif de son choix, l’idée étant d’y raviver le feu initial.

Une première piste est celle des « Fées diverses » de Ault où La forge a travaillé de 2004 à 2007, et où un Flash-back filmé pourrait avoir lieu dans le cadre de l’initiative « Aultyva », via les associations Petit Casino d’Ailleurs, artconnexion, à travers le D.U. « Faire œuvre comme on fait société » de l’Université Lille, inspirée de l’action Nouveaux commanditaires.

Autres lieux investis qui pourraient faire l’objet de séquences :

– L’Étoile, Le Relais 80, en Val de Nièvre, avec les livres « Quelle vie » (2000-2002) et « Et le travail ? » (2008-2011).

– Amiens-nord, à L’Albatros, avec « Hors la République » (2011-2013).

– La Palestine dans le Camp d’Aïda, avec Noor Weg/Rehabilitation, avec « Un bord de Monde » (2014-2018).

– Amiens, à La citadelle , avec les livrets « Je suis ici » (2019-2020).

Et enfin :

– La vallée Est de la Somme, avec « Nous sommes ici » du premier Rendez vous du fleuve, du Conseil général de la Somme, de 2010.
Lieu qui pourrait faire l’objet d’un retour sur la perception d’anciens élus ou responsables politiques sur le travail de La forge à l’époque où ils étaient acteurs politiques de territoires investis par le collectif, à Eclusier-Vaux, et la publication « Nous sommes ici », rendant compte d’une réalité de tourisme de pêche des mineurs du Nord-Pas de Calais qui ne faisait pas consensus.

Diffusion, débats, rencontres, colloque

Si ce processus de recherche guide le film, sa quête aboutira à d’autres questions dont il me semble indispensable de pouvoir en débattre publiquement pour en prolonger l’efficacité à une autre échelle, celle de la création artistique en lien avec la société. Il s’agit donc d’organiser des débats, colloques, ateliers, expositions avec des chercheurs, en arts, en sciences sociales, en sciences politique, avec des artistes qui croient ou non à une telle démarche, avec des étudiants, avec les institutions, les collectivités et avec le public très large que les actions de La forge ont pu toucher.

La Maison de la Culture, le Frac, l’UFR Arts semblent être les partenaires appropriés à cette démarche de diffusion-réflexion.

Le Frac a été contacté et reste ouvert à une manifestation dans ses locaux, la MCA et l’UFR arts où j’ai été enseignant, pourrait s’associer à cette réflexion à travers un colloque, des enseignants chercheurs en Arts plastiques de l’UFR étant membre du collectif Suspended spaces qui agit dans un sens voisin de La forge.

Séquence de Pierre Boutillier
Pierre Boutillier filme Eric Larrayadieu qui photographie Marine Vilbert dans son atelier À l’ombre des bleuets, le 10 août 2023. Marine que La Forge a rencontré dans le cadre de sa démarche Habiter le nature
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