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Démarche : Habiter la nature

Cécile, Justine, Romain, LPAG (7)

[- Rencontre avec Romain Emielot, Cécile Fontaine, Justine Hue, Le Pot À Graine. Écrit de Denis Lachaud. À La Forge, le 16 mars 2021 ]

Romain          
– Nous sommes tous les trois en licence de Gestion des Entreprises Agricoles. Un des modules de notre formation consiste à créer une mini-entreprise. Notre petit groupe a imaginé Le Pot à graine.

Cécile             
– Le pot à graine, c’est un yaourt avec, en dessous, une capsule biodégradable qui contient une graine.

Romain          
– On est en train de s’associer avec un producteur qui fait déjà des yaourts. L’idée, c’est de manger le yaourt, puis planter la graine dans son jardin.

Cécile             
– On veut mettre des graines d’herbe aromatique. Persil, menthe…

Justine           
– Des plantes qu’on peut garder chez soi si on n’a pas de jardin.

Romain         
– Au début, on était partis sur des graines de tournesol, mais en appartement, c’est compliqué. Et on veut une graine qui germe assez facilement.

Romain          
– Le yaourt, c’est facilement commercialisable, c’est présent dans tous les foyers. On voulait aussi qu’il soit le vecteur de la production de quelque chose, on voulait qu’il recrée une plante, qu’il recrée de la vie.

Romain          
– Le groupe s’est formé par affinités.

Justine                       
– Au départ, on était quatre. Charles a lancé l’idée d’un crayon.

Romain          
– Il travaillait chez un fabricant de machines agricoles. Sur les salons, ils offraient un crayon contenant une graine. On a repris cette idée tout en amenant quelque chose en plus, un petit grain de folie, une surprise. On pense qu’on ne va pas annoncer quelle graine contient la capsule.

Justine                       
– Finalement Charles a quitté la formation, on n’est plus que trois.

Cécile             
– Dans notre classe, les autres groupes travaillent sur une boisson détox à base d’orties, une box étudiante, une barre d’effarouchement qui se place à l’avant des tracteurs et qui fait peur au gibier.

Romain          
– On est un groupe, on va voir après, quand chacun prendra sa direction, si quelqu’un veut continuer les yaourts.

Justine                       
– Il y a déjà des mini-entreprises créées à l’école qui ont perduré après, qui se sont développées.

Romain          
– Moi ça m’aurait plu de m’installer mais c’est trop lourd.

Justine                       
– Quand on n’est pas issu du monde agricole, c’est dur de s’installer, il faut racheter des terres. Ici, ça devient de plus en plus dur. Les Hollandais s’installent en Belgique, les Belges viennent s’installer ici. On n’est pas loin. Ça fait monter les prix des terres.

Romain          
– Ils achètent plus cher, ils produisent beaucoup de patates, c’est un produit à bonne valeur ajoutée.

Romain          
– Je suis apprenti dans une concession de matériel agricole en tant que commercial. À terme, je souhaite continuer dans la concession. Ma grand-mère était agricultrice. Mes parents, pas du tout.

Justine                       
– J’ai 22 ans, je suis un peu plus vieille que les deux autres. J’ai démarré dans le monde agricole en allant chez un voisin, à 11-12 ans, pour m’occuper l’été. Ça m’a plu. J’y suis allé tous les étés. J’ai appris. Les stagiaires que j’y rencontrais sont devenus des amis. Je me suis mise à aller traire chez eux. J’ai fait un BAC S avec option agricole (agronomie et biologie), puis un BTS ACSE, comme Cécile,. J’ai entamé un apprentissage chez SODIAAL, une coopérative de producteurs laitiers. SODIAAL m’embauchera à la fin de ma formation. Je fais des audits chez les producteurs qui livrent le lait à la coopérative. L’an prochain je pense me lancer dans un master de communication en distanciel. Je trouve qu’on ne parle pas assez du monde agricole. Et je veux améliorer la communication au sein de mon entreprise.

Cécile             
– Je travaille en alternance dans une exploitation en polyculture. Par la suite, je vais reprendre l’exploitation de mon père. Il m’attend pour prendre sa retraite. À plus long terme, je pense faire du yaourt.

Romain          
– … D’où l’idée du yaourt pour notre projet commun.

Cécile             
– Il faut être à plusieurs pour se lancer sur tel projet dans une exploitation. J’en ai parlé avec mon patron actuel qui aimerait faire du yaourt, lui aussi. J’ai pris conscience des difficultés. Dont ce n’est pas pour tout de suite en ce qui me concerne.

Justine                       
– Quand ils reprennent une exploitation familiale, les jeunes qui s’installent cherchent à valoriser tout ce que leurs parents ont produit, plutôt que de continuer comme avant et d’être contraints d’aller chercher un complément de revenus en bossant à l’extérieur.

Cécile             
– Quand ils ont encore des parents sur la ferme, ils peuvent se le permettre. Pour moi, ce n’est pas possible. Je vais être seule. Ce serait trop d’investissements, il faudrait que je paye un salaire, et si mon employé.e tombe malade, je me retrouverai seule avec les terres et la production de yaourts. Non. On verra plus tard.

Cécile             
– En m’installant, j’aurai de l’attribution. Comme chaque jeune qui s’installe. Je vais refaire la salle de traite et augmenter le troupeau.

Justine                       
– Je vais être sa conseillère.

Cécile            
– Oui, notre lait va chez SODIAAL.

Justine                       
– Je rends visite à tout le monde, mais je vais voir en plus tous ceux qui m’appellent parce qu’ils ont un problème.

Romain          
– Le pot est en carton, mais il y a un film plastique à l’intérieur et au dessus. Les normes d’hygiène nous empêchent de faire un yaourt 100% biodégradable. Officiellement, on ne peut pas le recycler, mais comme c’est du carton, il se désagrège plus facilement. Et l’opercule en plastique peut se jeter dans la poubelle recyclage.

Justine                       
– La recette du yaourt est celle du producteur avec lequel on s’est associé. Par contre, le rajout de la graine, on le fait nous-mêmes. À six mains. On rajoute la graine et notre étiquette.

Romain          
– On a commencé à communiquer sur notre projet.

Justine           
– Il faut qu’on l’ait réalisé avant le mois de juin. On va avoir un bilan chiffré à établir.

Cécile             
– On aura les bilans de départ et les bilans de fin, on pourra comparer.

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  * Voir Le Pot à graine / LPAG sur facebook